mardi 10 juillet 2012

«Afghanistan du Sahel» : Fabius à Alger pour inciter les Algériens à ne pas rester «les bras croisés» | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie

«Afghanistan du Sahel» : Fabius à Alger pour inciter les Algériens à ne pas rester «les bras croisés» | DNA - Dernières nouvelles d'Algérie
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Le président français l’avait dit à ses ministres lors d’un Conseil tenu mercredi 13 juin : la solution à la crise malienne se trouve « notamment en Algérie ». Pour ébaucher cette solution pour ce Mali en passe de venir l’« Afghanistan du Sahel », le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, sera à Alger dimanche 15 et lundi 16 juillet. Objectif : évoquer avec les dirigeants algériens la situation dans ce pays voisin dont une bonne partie de ces territoires du nord est tombée entre les mains des islamistes d’AQMI, du Mujao et d’Ansar Dine.

Selon le Canard Enchainé du mercredi 4 juillet, la mission du ministre français est d’inciter ses interlocuteurs algériens « avec toute la courtoisie requise » de pas « rester les bras croisés face à ‘l’Afghanistan africain’ qui s’installe à leur porte ».
Mission compliquée car les Algériens ne souhaitent pas intervenir militairement dans ce bourbier et craignent, selon Le Canard, « les retours de bâton terroriste ».
De plus, ajoute l'hebdomadaire satirique, les autorités algériennes se disent hostiles « à toute ingérence étrangère, notamment française, aux confins de ‘son’ Sahara. »
Depuis la chute, début avril des villes du nord du Mali, entre les mains des islamistes et des touaregs du MNLA, l’Algérie martèle qu’elle privilégie la solution politique plutôt que l’option militaire.
Ballet médiatique à Alger
C’est ainsi que depuis juin dernier, Alger enregistre un ballet médiatique incessant de ministres africains et européens et de responsables militaires pour tenter de trouver une issue à cette poudrière terroriste qu’est devenu le nord du Mali avec lequel l'Algérie partage plus de 1300 kms de frontières.
Mais les Français ne sont pas les seuls à pousser les Algériens à ne pas rester « les bras croisés ». L’administration américaine en fait de même, sans doute avec autant de courtoisie et de tact que Paris.
Une source diplomatique américaine qui s’est confiée récemment à DNA confirme la volonté de Washington de voir les Algériens jouer un rôle prépondérant dans la crise malienne.
Comprendre : envoyer des troupes sur place, ou à tout le moins, offrir une logistique militaire conséquente pour traquer les groupes islamiques qui y font désormais régner leur loi. C’est encore plus vrai que les Algériens possèdent une expérience reconnue dans la lutte contre le terrorisme.
Mais là encore Alger refuse d’autant plus que les Américains rechignent à vendre aux Algériens leurs fameux drones, ces petits avions espions qui survolent déjà le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Des drones américains au Mali
D’accord pour prêter aide et assistance, pour coopérer et partager des informations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste, mais cette très haute technologie US n’est pas à vendre.
C’est que les Américains disposent d’une bonne vingtaine de ces drones dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne, notamment au Burkina Fasso.
C’est le quotidien américain The Washington Post qui révélait le 14 juin dernier l’existence de ce programme en fournissant moult détails.
Le Post évoquait ainsi un programme de surveillance et d’intelligence dénommé Sand Creek, opérant à partir d’une petite base aérienne installée sur le côté militaire de l'aéroport international de la capitale Ouagadougou, par des dizaines de militaires américains et des entrepreneurs.
Base secrète
De cette base secrète, des avions espions américains, non armés, volent des centaines de miles au nord vers le Mali, en Mauritanie dans le Sahara, où ils recherchent des combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Selon le Washington Post, le programme a pris une importance accrue à la suite d'un coup d'Etat de mars contre le président malien.
Ce projet s'appuie sur des petits avions à turbopropulseurs non-armés déguisés en avions privés et équipés de capteurs cachés pouvant enregistrer une vidéo, suivre les tendances de chaleur infrarouge et les signaux des radios et téléphones mobiles, expliquait encore The Post.
« Des responsables américains ont affirmé que les opérations de surveillance en Afrique sont nécessaires pour assurer le suivi des groupes terroristes qui ont pris racine dans les États défaillants sur le continent et menacent de déstabiliser les pays voisins », écrivait le quotidien américain.
L'Algerie opposée à une option militaire
L’Algérie s’étant fortement opposée à l’intervention de l’OTAN en Libye pour dégager Kadhafi et freine des quatre fers à propos d’un scénario identique en Syrie pour déloger Bachar El Assad, elle voit donc d’un très mauvais œil le débarquement de troupes étrangères sur le sol malien.
Un engagement militaire est d’autant plus aléatoire que sept diplomates algériens sont détenus depuis le 5 avril dernier par le Mujao qui réclame 15 millions contre leur libération. Il est encore plus risqué que ce groupe qui vient de rompre les négociations avec les Algériens sur le sort de ces otages a déjà frappé à deux reprises en organisant des attentats kamikazes à Tamanrasset (3 mars) et à Ouargla (29 juin).

La présence des drones américains en Afrique selon le graphique révélé par The Washington Post (Cliquez sur l'image pour accéder à l'article original)



Nord-Mali : La grande menace, selon Medelci
Le chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci a mis en garde lundi 9 juillet contre « la grande menace » que fait peser sur l'Algérie et toute la région maghrébine l'activité des groupes terroristes.
S'exprimant à l'ouverture à Alger de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe (Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie et Maroc), M. Medelci a jugé « plus grave encore (l'existence d'un) lien direct entre les groupes terroristes et les réseaux criminels », citant notamment « le phénomène du blanchiment d'argent qui a pris de l'ampleur (...) et qui constitue, d'une manière ou d'une autre, un soutien au terrorisme et au crime dans la région ».
Le blanchiment d'argent conjugué à la circulation des armes et la multiplication des réseaux criminels sont autant de préoccupations communes aux pays de la région, a-t-il ajouté en plaidant « pour la nécessité de mettre en place une approche maghrébine commune afin de faire face à toutes ces menaces ». (Source AP)
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