mercredi 11 juillet 2012

Autant le dire… : Dioncounda, où se trouve ta « fierté nationale » ? - leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso

Autant le dire… : Dioncounda, où se trouve ta « fierté nationale » ? - leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso
mercredi 11 juillet 2012
 « Par fierté nationale », le président intérimaire du Mali, Dioncounda Traoré préfère être sécurisé par des forces de sécurité maliennes. Quelle fierté nationale !!! Comme s’il avait oublié que ce sont les mêmes forces de sécurité maliennes qui l’ont laissé tabasser à coups de
 bâton et de marteau dans son bureau de la Présidence de Koulouba. Et l’on vient à ce soudain nationalisme, teinté parfois d’un patriotisme aveugle dont des Maliens sont habités.
Par orgueil national, les Maliens préfèrent régler le problème malien par eux-mêmes. Ce qui, en soi n’est pas mauvais. Mais, s’ils le pouvaient bien, pourquoi ont-ils laissé les terroristes venir jusqu’aux portes de Bamako ? Cette armée qui se vante tant, pourquoi a-t-elle fui le Nord quand les terroristes, djihadistes et autres bandits sont arrivés ? Le capitaine Haya Sanogo, au lendemain de son coup de force a ouvertement demandé du soutien à la communauté internationale pour bouter les terroristes hors du pays.
Aujourd’hui, c’est une certaine classe politique en perte de vision et une partie de la société civile qui ont manifestement mal à leur reconnaissance, qui gesticulent maladroitement en chantant un certain nationalisme, dont ils ne connaissent même pas le sens vrai. Car, c’est le lieu de le dire. Au moment où on parle de mondialisation, d’espace communautaire et d’intégration des peuples, de mutualisation des efforts pour être fort et réussir ensemble, si au Mali on chante l’hymne d’un nationalisme déplacé et aveugle, il y a de quoi avoir froid au dos.
Laurent Gbagbo et ses sbires ont chanté les mêmes refrains en Côte d’Ivoire pendant dix ans. Aujourd’hui, l’abîme est tel dans ce pays jadis prospère qu’il faudra plusieurs années pour le redresser. Sur tous les plans : économique, sécuritaire, culturel, sanitaire, et même politique.
Le Mali est membre fondateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il est également membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Qui sont tous des espaces communautaires et qui tendent vers une intégration sous-régionale économique, monétaire, politique et sécuritaire en vue d’une Afrique de l’Ouest plus forte, plus respectée. A tous ces instruments, le Mali a bien adhéré. En quoi donc des chefs d’Etat des mêmes espaces voudront-ils mettre le feu au Mali ? Y a-t-il des richesses extraordinaires au Mali dont quelqu’un voudrait s’approprier ? Non, il faut être plus sérieux que cela. En se préoccupant de la situation au Mali, l’Afrique de l’Ouest ne peut être animée que par l’adage qui dit que lorsque la case de ton voisin brûle, il faut lui apporter de l’eau.
En plus, la nébuleuse Aqmi ne se limite pas seulement au Mali. En Afghanistan, les Etats-Unis, première puissance militaire au monde ont fait appel à des alliés pour traquer les terroristes. Ce n’est pas le Mali, classé parmi les pays les plus pauvres au monde et qui peine à nourrir sa population qui pourra tout seul y faire face. Le Mali est divisé en deux. La grande partie du pays est même occupée par les terroristes. La « fierté nationale » d’un président qui a été frappé par des manifestants venus jusque dans son bureau présidentiel serait de prendre toutes les mesures pour libérer cette partie de son pays où ses concitoyens fuient pour se réfugier dans d’autres pays.
La fierté du peuple malien serait donc, au lieu de s’en prendre à la CEDEAO pour des raisons que les chefs d’Etat de cette organisation n’imaginent même pas de s’entendre sur la gestion de la portion du pays au Sud et aller ensemble libérer l’autre partie. Afin de retrouver toute sa fierté, tout le nationalisme dont il se réclame tant.

Dabaoué Audrianne KANI L’Express du Faso

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