lundi 30 juillet 2012

Cheick Modibo Diarra : L'astrophysicien tire des plans sur la comète

Cheick Modibo Diarra : L'astrophysicien tire des plans sur la comète


Le Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra
Après son chemin de croix, Bamako-Montparnasse, c'est un Dioncounda Traoré ingambe, en tout cas bon pied, bon œil, qui a regagné la capitale malienne le 27 juillet 2012 ; un président intérimaire qui était sur un nuage, ayant reçu les honneurs dus à son rang à son arrivée, après son golgotha du 21 mai 2012.


Dimanche, 29 Juillet 2012 21:10

En effet, le ban et l'arrière-ban du Tout-Etat étaient à l'aéroport pour accueillir l'enfant prodigue, celui sur qui repose le destin du Mali, puisqu'il doit former un gouvernement inclusif avant le 31 juillet et desserrer l'étau djiadiste qui étreint le septentrion du pays.
L'événement dans ce Mali crisé aurait dû donc être ce retour de Dioncounda Traoré, mais finalement, il a été éclipsé par la sortie du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra (CMD).
Ce dernier lui aura volé la vedette par une prestation télévisuelle sur ses 100 jours à la Primature. Un point de presse-bilan dont il aurait dû décaler la diffusion, car il a éclipsé celui du chef de l'Etat, qui a déroulé, lui, son espèce de programme hier 29 juillet sur le tube cathodique. D'ailleurs, ce coup de com. de CMD n'a pas convaincu grand monde, sauf ceux qui sont déjà convertis. Même le micro-trottoir effectué à cet effet ne trompe personne.
En tout cas, cette sortie premier-ministérielle a d'abord ôté d'un doute l'opinion : Cheick Modibo Diarra ne rendra pas le tablier. Ceux qui se posaient la question sur cette éventualité sont donc désormais fixés. Le Front antiputsch et ses alliés en ont pour leurs frais.
"Je ne démissionnerai pas pour deux raisons : d'abord, je ne le peux pas, car l'accord-cadre dit clairement que si je dois le faire, je sois présenter ma lettre au président intérimaire, lequel ne peut pas accepter cette démission... Ensuite, ce pays m'a tout donné, si bien que tant que je resterai debout, je ne démissionnera pas", a martelé CMD.
Il a, sur le plan formel, raison, car l'une des faiblesses insignes de l'Accord-cadre du 6 avril est d'avoir stipulé que le chef du gouvernement à les pleins pouvoirs pour agir ; autrement dit, CMD est un vice-président, qui ne dit pas son nom et d'ailleurs c'est lui qui assurait l'intérim de l'intérimaire Dioncounda.
La léthargie institutionnelle est toujours palpable au Mali, et même si l'on convient avec CMD que le pays "fonctionne pour la première fois sans l'aide internationale", les lignes n'ont pas véritablement bougé.
Pour ce qui est de la reconquête du Nord, CMD a parfaitement raison également d'affirmer que les "islamistes et Touaregs sont incrustés au Nord depuis plus de dix ans et que ce n'est pas en 3 mois qu'on peut les déloger".
Sans doute, mais jamais auparavant, depuis les sempiternels abcès nordistes, des villes telles Kidal, Gao et Tombouctou n'avaient vécu sous une atmosphère aussi mortifère.
CMD est oublieux de cet aphorisme increvable : le peuple demande toujours l'impossible à son gouvernement. Et dans le cas d'espèce, la réunification du Mali est un impératif catégorique.
In fine, ce bilan des 100 jours de l'enfant de Nioro Sahel à la Primature aura eu plutôt l'heur d'agacer certains partis politiques, qui ont reçu quelques fléchettes à cette occasion, mais surtout, il aura relancé la polémique sur ce bicephalisme exécutif poussif.
Le miraculé du 21 mai, lui, a répété mutatis mutandis ce qu'il avait déjà déclaré à l'aéroport, à savoir qu'il pardonne à ceux qui ont voulu lui enlever la vie, mais a réitéré deux priorités : la formation d'un gouvernement d'Union nationale (raillé d'ailleurs par le PM, 24 heures auparavant) en principe au plus tard ce 31 juillet, un dead line qui n'est pas canonique ;  et bouter du Nord  les occupants autonomistes et intégristes.
C'est en homme d'Etat posé que le président intérimaire s'est adressé à son peuple, lequel reste circonspect, attendant comme saint Thomas de voir avant de croire si ce retour est réellement synonyme d'éloignement du Mali du gouffre, dont il s'est rapproché dangereusement.
Pour le moment, on en est loin car de nombreuses actions parasitent ou paralysent la lisibilité gouvernementale, telle la présence du capitaine Amadou Sanogo à l'aéroport pour accueillir Dioncounda Traoré. Compte tenu des supputations à son égard, il aurait dû se faire discret ce jour-là.
C'est l'évidence même, ce retour au bercail ne sera pas de tout repos pour Dioncounda Traoré.

La Rédaction

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