jeudi 5 juillet 2012

France/Monde | Mali : le vibrant appel à l’aide du maire de Gao - Le Républicain Lorrain

France/Monde | Mali : le vibrant appel à l’aide du maire de Gao - Le Républicain Lorrain

De passage à Thionville, avec qui sa ville est jumelée, le maire de Gao décrit le chaos qui envahit son pays. Il en appelle à l’aide internationale. Avant que les terroristes n’aient complètement pris le Nord du pays, à l’abandon.

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«Ils ne savent rien du Coran. L’Islam est pour eux un paravent », explique Sadou-Harouna Diallo, 58 ans, maire de Gao.  Photo Dominique STEINMETZ
«Ils ne savent rien du Coran. L’Islam est pour eux un paravent », explique Sadou-Harouna Diallo, 58 ans, maire de Gao. Photo Dominique STEINMETZ
Aux représentants de la municipalité et du comité de jumelage de Thionville, qui lui demandent comment il va, il répond juste qu’il est « content d’être en vie. » Le pin’s aux couleurs et à la forme de son pays, qu’il arbore au revers de son costard, porte un slogan aujourd’hui bien dérisoire : "Le Mali est un et indivisible". Sadou-Harouna Diallo, 58 ans, est le maire de Gao, au Nord-Ouest du Mali. Ou plutôt l’ex-maire puisqu’il n’y est pas retourné depuis le 7 avril.
Pendant plus de deux heures, face à une assistance abasourdie, l’élu pose des mots sur le calvaire que vit son pays depuis le coup d’État du 22 mars. Il commence par les premiers coups de fusils qui ont retenti dans sa ville, le 31 mars. Jour où les véhicules portant le pavillon noir du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) ont envahi la première région militaire du Mali. Celle qui aurait dû être la mieux protégée. Las. Privés de commandement suite au coup d’État, les soldats fuient, « alors que la plupart des combattants adverses ne savaient pas où se trouvait la gâchette. » Pendant une semaine, le maire assiste impuissant au pillage de sa ville : « Je travaille comme self-made-man depuis 38 ans. Tout ce que j’ai amassé, mes cinq hôtels, ils ont tout brûlé en une journée. » Des 78 000 habitants de Gao, il n’en reste aujourd’hui plus que 20 000. Ceux qui l’ont aidé à fuir au Niger ont été tués à leur retour. À ses côtés, Malick Hibrahim, président de la commission juridique des ressortissants du Nord, fait le point sur les dernières exactions relevées à Gao : « Cent cas de viols et 25 assassinats par décapitation. » Sadou-Harouna Diallo dégaine son portable pour faire circuler une vidéo d’un jeune homme fouetté par un membre du MNLA : « Cent coups de cravache pour avoir fumé une cigarette dans la rue. »

« Trafics de drogue »

Les deux hommes organisent désormais la riposte depuis Bamako, capitale fantôme où le gouvernement de transition ne répond plus : « Trop préoccupé par la crise sociale et financière qui le frappe après l’arrêt des aides extérieures, le Sud du pays a lâché le Nord. » Ils en veulent à « la France de Nicolas Sarkozy. »
Dans le viseur : la libération de l’otage vosgien Pierre Camatte. « C’est le point de départ de nos problèmes. Il a été échangé contre la libération de sept terroristes. L’Algérie et la Mauritanie en ont voulu à notre président Amadou Toumani Touré. Ils ont laissé passer les armes qui ont mené au coup d’État. » Une multitude de petits groupuscules ont depuis pris le contrôle. MNLA, Ansar Dine, Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), pour eux, tous les mouvements portent le même ADN, celle d’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique). Ils enrôlent à tour de bras « les proies faciles » : « Un danger pour nous, mais aussi pour vous occidentaux. Ce qu’il se passe au Mali n’est ni une rébellion, ni un problème de minorité. Il s’agit juste de terrorisme.Ce ne sont pas des Musulmans. Regardez ce qu’ils font aux mausolées de Tombouctou. Ils ne savent rien du Coran. L’Islam est pour eux un paravent pour poursuivre leurs trafics de drogue et leur entreprise terroriste. » D’où l’appel à l’aide de ces émissaires maliens. Une coalition armée de pays africains n’ayant pas pour eux « assez de moyens », ils se tournent vers l’Onu : « Quand la France intervient en Libye, elle répond à un cri du cœur pour un pays qui n’est pas une ancienne colonie. Nous, nos grands-pères ont creusé le métro parisien. Ne l’oubliez pas. »
Philippe MARQUE.

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