jeudi 12 juillet 2012

Il faut destituer Dioncounda

Malijet - EDITORIAL : il faut destituer Dioncounda

EDITORIAL : il faut destituer Dioncounda

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EDITORIAL : il faut destituer Dioncounda
Un pays coupé en deux par une rébellion en débandade face à la poussé de leurs ex-alliés islamistes au Nord-Mali abonné par la communauté internationale; un président « démocratiquement élu » déchu, lâché par ses amis de l’intérieur comme de l’extérieur « exfiltré » au Sénégal
une médiation Cédéao qui fait le funambule sur le tragédie vécue par une nation, snobe les aspirations profondes et légitimes d’un peuple et zigzague avec l’unité, l’honneur et la dignité d’un pays ; un président intérimaire imposé qui s’exile à la
 suite d’une agression et attend des troupes étrangères pour être aux commandes d’un pays plongé dans une crise multiforme ; un gouvernement sans aucune légitimité autre que le bon vouloir de l’extérieur dénoncé de toutes parts; une classe politique et une société civile instrumentalisées, fractionnées, segmentées, clanisées au détriment de la priorité et de l’urgence nationale…

Les Maliens, vainement, la mort dans l’âme, cherchent une lueur d’espoir, d’espérance et de salut. Hélas, hélas ! Ni la mémoire de cette nation qui a tant donné à l’Afrique ; ni la gloire, l’honneur et la dignité de cette nation aujourd’hui insultée et humiliée, ni leur respect dû à la souveraineté et au destin des fils et filles de ce pays d’hospitalité et d’ouverture… ne les incitent à la retenue et ressaisissement. Jusqu’où vont-ils s’arrêter ? Jusqu’où irons-nous dans notre égarement, filles et fils du Mali ? Quand est-ce que nous allons nous ressaisir et pactiser au chevet de la patrie en péril ?
NUL NE FERA LE MALI A NOTRE PLACE. « Nul ne fera le Mali sans nous ! Nul n'aime le Mali plus que nous ! Nul ne connaît notre pays mieux que nous », simplement pour dire comme Modibo Keita que le Mali, dans l’épreuve et dans l’adversité, ne sera que ce que ses filles et ses fils voudraient qu’il soit. Quel Mali avons-nous hérité ? Quel Mali allons-nous léguer ?

Quelles que soient nos options, nos approches, nos stratégies, nos ambitions, nos agendas et nos divergences, nous devrons nous garder de faire l’offense au passé et d’insulter l’avenir pour être dignes de nos ancêtres et ne pas trahir les générations futures. Aussi, le devoir nous incombe de construire, pardon de reconstruire une Mali d’ambition, un Mali de fierté, un Mali d’unité, un Mali de progrès et de vérité.

Mais où est désormais l’ambition des descendants de Soudjata qui conquit et unifia l’Ouest-africain et de Abou Bakari II qui alla à la conquête de l’Océan et découvrit l’Amérique avant Colombes ? Où est la fierté des héritiers de Modibo Keïta, le Simbo qui ne baissait jamais la tête ni la voix …? Où est désormais la Vérité au Mali, la vérité du Mali ? En cette première décade de juillet de l’année de grâce 2012, les Maliens la cherchent comme dans une boîte de foin, vainement, désespérément… !

Avant-hier Moussa Traoré qu’on accuse d’avoir liquidé la fierté nationale a pourtant dit NON à Mitterand(«la démocratie n’est pas une camisole de force); Alpha Oumar Konaré qu’on accuse d’avoir corrompu le pays a lui aussi dit NON à Chirac (il refusa d’aller à Dakar et martela dans l’amphithéâtre de la Sorbonne: «ceux qui ne respectent pas le Mali ne peuvent être des amis du Mali»); même Amadou Toumani Touré (ATT) qu'on vilipende pour avoir fui a opposé un refus poli à Sarkozy (en refusant de signer les accords d’admission et de donner à la France une base au Nord du Mali)…
Mais nous nous aplatissons devant, non pas devant la France mais devant un pittoresque syndicat de chefs d’État ouest-africains dont la plupart ne parviennent même à pas assurer la quiétude et la sécurité de leurs populations a fortiori l’unité de leur pays ! Assurément le Mali tombe de Charybde en Scylla !

N’y a-t-il remède à notre déshonneur ? N’existe-t-il nulle solution à notre honteuse situation, si ce n’est la capitulatrice et l’ignominieuse incantation : «Il faut que la CEDEAO vienne, sinon ça ne marchera pas ». Comme si cela avait marché ailleurs, lorsque la CEDEAO était allée ! Comme si les Maliens étaient subitement devenus inaptes et indignes d’être porteurs de solutions à leurs propres problèmes. Pourtant, sont encore là des filles et fils de ce pays avec leur dignité et leur fierté, porteurs d’espoirs, d’ambitions et d’estime de ce peuple qui n’a ni abdiqué ni trahi encore moins dévié du chemin de l’honneur et de la droiture ?

Mais la vérité n’est-elle pas désormais un péché dans le Mali, des démocrates sincères et patriotes convaincus devenus des patriotes accommodants et dociles et des démocrates concupiscents et prompts à vendre leur pays ? Parce que seule vérité qui est et qui devrait prévaloir, au nom des intérêts du clan, et revêtir le sceau absolu et divin, c’est : «Il faut que la CEDEAO vienne sinon ‘’a te nyènabo’’(ça ne se réglera pas) » ou «c’est la CEDEAO qui décide »… Hymne du Wassoulou au pied de la lettre : Incapables d’organiser, de diriger et de défendre le pays de nos pères, voulons-nous retrouver notre honneur en faisant appel aux Hommes plus valeureux de la CEDEAO ? Quelle affliction et quel avilissement pour un peuple si fier et si digne ?

Lorsque le Capitaine Sanogo a dit voilà trois mois : concertons-nous entre Maliens pour trouver nos propres solutions à la crise et formons un gouvernement d’union nationale avec toutes les composantes de la Nation… que ne s’est-on pas empressé de dire : «Jamais, on n’est pas d’accord, c’est un putschiste, il veut confisquer le pouvoir, il ne veut pas aller au front… laissons la CEDEAO décidé, tutti quanti !  Où en sommes-nous ? Aujourd’hui, tout le monde parle de « convention », « de concertation », peu importe la terminologie, toutes chapelles confondues, l’évidence d’une réappropriation nationale du processus de sortie de crise et l’impératif d’un gouvernement d’union nationale ne font plus l’objet de divergence.

Si aujourd’hui encore beaucoup ne perçoivent et ne mesurent pas la portée de la cabale politicienne orchestrée par le Clan pour ternir l’image du CNRDRE, pour l’éradiquer et l’exclure totalement du processus de la Transition, y compris la reconquête des régions nord de notre pays (au profit des troupes de la CEDEAO), les Maliens commencent à s’interroger et grincer des dents sur la pertinence et la dignité qu’il y a pour notre pays de faire protéger son président, même imposé, par des soldats étrangers. Mieux, ils sont de plus en plus nombreux à s’agacer de ce président qu’on prend en otage, qu’on exile, qu’on brandit en épouvantail dans le sombre dessein d’intervenir au Sud pour achever l’occupation totale du Mali, donc l’assujettissement de notre peuple et ré-colonisation de notre pays.

Le projet de voyage de Dioncounda sur Ouaga en vue la réunion du groupe de soutien ou de contact sur la situation du Mali achève de convaincre les plus sceptiques que Dioncounda n’est pas à Paris pour raisons de maladie, mais bien pour un repli stratégique. Pire, un complot tramé par la CEDEAO et ses mentors contre la souveraineté du Mali et contre la dignité du peuple malien.
En effet, pour avoir ignoré les aspirations légitimes du peuple malien au changement et en voulant imposer son choix, celui qui fait ses affaires, la CEDEAO a donné Dioncounda à la vindicte et reste le principal responsable de l’agression du président décrété de la Transition qu’elle dirige aux forceps, avec beaucoup de mépris et une absence totale de pédagogie.

Ne pouvant accepter sa divagation constitutionnelle et n’ayant pas la modestie d’acter son erreur et de revoir sa copie transitoire, la CEDEAO, à coup d’incantations, brandit la menace cocasse de faire intervenir des troupes pour assurer la sécurité du président et « sécuriser » la transition ! Et tant que les conditions de la sécurité du président Dioncounda (président non du Mai mais voulu par la CEDEAO) ne sont assurées et garanties, Dioncounda restera à Paris. A l’hôtel et non à l’hôpital ! C’est cela la vérité ! Les examens, la convalescence… de belles histoires pour des Coulibaly.

Depuis le 23 juin, combien de jours Dioncounda a-t-il passé à l’hôpital ? Combien d’examen a-t-il subi ? En tout cas, depuis le week-end dernier, la CEDEAO et son président imposé ne peuvent plus continuer à berner grand monde sur l’état de santé « préoccupant » de Dioncounda qui avait été convoqué à Ouaga par ceux qui l’ont institué pour s’expliquer sur l’évolution de la situation au Mali qu’il a dû quitter sous le prétexte de son agression. En effet, c’est désormais un secret de polichinelle que les fallacieuses raisons médicales avancées pour expliquer son renoncement à participer à cette seconde rencontre de la honte ne sont pas opérantes.
Car, il faut malgré toutes les acrimonies envers le syndicat lui créditer de jugeote pour  « inviter » Dioncounda et confirmer sa participation à la rencontre de Ouaga II sans s’enquérir ou se préoccuper de l’avis de ses médecins ! Or, la présidence du Faso a bien confirmé mercredi dernier sa participation à cette rencontre. L’aurait-elle fait sans accord de Dioncounda et sans aucune précaution sécuritaire prise ?

Suivant plusieurs sources proches de la rencontre, il est raisonnable de penser que Dioncounda pouvait bien voyager, que Dioncounda avait bien donné son accord à participer à la rencontre et qu’il ait fait volte-face à la dernière… à cause du mercure qui montait à Bamako. Et ce n’est plus un secret d’État que quelques heures avant son embarquement à l’aéroport de Paris (Bourger) pour Ouaga, jeudi dernier, le protocole malien et français étaient déjà sur place pour attendre le voyageur de marque.

Comme on le voit, Dioncounda peut aller en toute sécurité et quiétude à Ouaga, mais ne peut pas venir au Mali dont il est le président. Compréhensible n : Dioncounda n’est pas en sécurité au Mali. Mais est-il un président libre avec toute sa dignité en dehors du Mali ? Complice consentant ou patriote pris en otage, la farce, pour ne pas dire le mensonge, a trop longtemps duré et ne fait plus sourire. Cela fait bientôt deux mois ! Cela suffit !
Ce qui est arrivé à Dioncounda est regrettable ; nous l’avons condamné. Mais nous ne sommes pas de ceux qui s’éternisent à verser des larmes de crocodiles et à réclamer en pure démagogie des soldats étrangers pour le protéger. Parce que nous ne sommes de ceux qui ont d’autres desseins au-dessus de l’intérêt pour le réclamer.
La fin de non-recevoir des Nations-Unies (ONU), en vertu de la souveraineté consacrée du Mali, à cette demande saugrenue nous conforte dans notre conviction. La CEDEAO n’obtiendra jamais de mandat pour venir protéger un président imposé à un pays. Et nous sommes et serons de ceux qui martèlent avec Sanogo « aucun soldat étranger ne foulera le sol malien ».

C’est pourquoi, il faut faire venir Dioncounda ou le faire partir. Preuve étant établie qu’il peut revenir, parce qu’il peut partir à Ouaga, Dioncounda doit revenir pour assumer son destin dessiner pour lui par la CEDEAO : diriger la transition et restaurer l’intégrité territoriale du Mali et organiser le renouveau démocratique du pays. N’a-t-il pas dit lui-même qu’il était prêt à « se sacrifier pour le Mali» ?

Alors, si Dioncounda a changé d’avis, s’il n’est plus prêt à mourir pour le Mali, au point d’attendre des soldats étrangers pour le protéger, mieux vaut pour son honneur à lui, descendant de Touramakan, qu’il se démette. « Si tu ne peux protéger le peuple et braver l'ennemi, donne ton sabre de guerre aux Femmes qui t'indiqueront le chemin de l'honneur ».
Nous risquons une cola, mais la vérité voudrait qu’on dise que Touramakan, lui, n’a pas donné son sabre de guerre aux femmes, au contraire, il fut entre ses mains l’instrument de la conquête du Djolof ! Qu’un de ces descendants, 700 ans après, par peur de brandir ce sabre ancestral, s’exile au pays des bancs et appelle des Mossis et des Betés pour le protéger… ça, c’est un problème, un gros problème pour lui et pour le Mali. Or, Dioncounda a toujours clamé haut et fort qu’il ne serait jamais un problème pour le Mali. Le Mali sans président est un problème. Donc, Dioncounda est le problème du Mali. C’est pourquoi, il faut le destituer.
 

Par Sambi Touré
Source: Info Matin

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