mardi 3 juillet 2012

Islamistes dans le nord Mali: Pourquoi la menace sur la sous-région est réelle

Islamistes dans le nord Mali: Pourquoi la menace sur la sous-région est réelle
Islamistes dans le nord Mali: Pourquoi la menace sur la sous-région est réelle
03 juillet 2012
Kisselminan Coulibaly
Soir info

La menace que laissent planer les islamistes d’Ansar Dine et du Mujao affecte aussi bien le Mali que l’ensemble des pays de la sous-région, la Côte d’Ivoire y compris.
L’affirmation aurait juste eu de quoi animer de prévenantes causeries si elle n’émanait pas de groupes dont la force d’action- par ricochet de nuisance- n’était pas révélée.
En assénant à la face du monde que les « branches » de Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest- Mujao étaient prêtes à frapper les intérêts des pays qui auraient « l’intention de participer » à une force Cedeao destinée à les déloger, les islamistes du Mujao ne donnaient probablement pas dans la satire. Les gens du Mujao et leurs alliés d’Ansar Dine ne sont pas très réputés pour l’humour encore moins la détente.
La menace claironnée par le porte-parole du Mujao, Adnan Abu Walid Sahraoui, n’a pas à être balayée du revers de la main. Rappel : elle est intervenue quelques heures après que les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) réunis, vendredi dernier, à Yamoussoukro ont appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à « accélérer » en vue de l'adoption d'une résolution autorisant l'envoi d'une force régionale au Mali contre les groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le Nord.
Réaction sans tarder du Mujao, l’un de ces mouvements présents dans le nord-Mali : « Les branches de Mujao dans plusieurs pays sont prêtes à frapper les intérêts des pays qui ont l'intention de participer » à cette force.
Il faut dire que les groupes islamistes dans la partie septentrionale du Mali évoluent très vite et ont tendance à asseoir des bases dans les moindres recoins qu’ils occupent. Ansar Dine et le Mujao, considéré comme une dissidence d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), veulent imposer la charia (loi islamique) au Mali. Ils tiennent désormais les places fortes du Nord avec les jihadistes d'Aqmi, après avoir supplanté le Mouvement national de libération de l'Azawad
(Mnla), sécessionniste et laïc. Les islamistes auraient posé des mines autour de Gao pour se protéger d’éventuelles attaques de rivaux touaregs ou de soldats d’une force ouest-africaine. Ils continuaient jusqu’à hier leur entreprise de démolition des mausolées de la ville de Tombouctou en détruisant l’entrée de la mosquée Sidi Yayia, située au sud de la ville.
Les groupes islamistes ne sont nullement ébranlés par les communiqués au ton incisif de la Cedeao. Ils représentent, aujourd’hui, surement, une menace pour tout le Mali dont la capitale Bamako n’est pas encore sous occupation islamiste. Mais ils sont, par ailleurs, une menace pour l’ensemble des pays de la sous-région, la Côte d’Ivoire y compris. Ces mouvements islamistes en quête d’un terreau fertile paraissent engagés dans une longue marche depuis le Nord de l’Afrique jusqu’à sa partie occidentale. Des pays de la sous-région peuvent être à tout moment dans le viseur de ces combattants du fait de leur ouverture vers la mer indispensable à leurs menées. D’autres encore, parce qu’ils ont sur leur sol des mouvements terroristes, peuvent attirer les groupes islamistes : entre Aqmi et Boko Haram, les arguments d’une alliance stratégique existent et ne sont pas à négliger.
La Cedeao qui semble avoir pris le parti de l’intervention militaire- la négociation ayant montré ses limites- sait pertinemment qu’elle a en face d’elle des combattants hyper déterminés et dopés par leur succès sur le Mnla. Dans le même temps, les chefs d’Etat sous-régionaux réunis autour d’Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté, devraient bien prendre garde de la position de Washington faite de circonspection et réserve prudente. Les Etats-Unis ont adressé une mise en garde contre une « entreprise très lourde pour la Cédéao », qui devrait être « préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence ». Entre les réserves américaines et le pourrissement, la Cedeao a, sans doute, opéré un choix. L’heure n’est plus aux calembours.

Kisselminan COULIBALY

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