lundi 2 juillet 2012

Le Quotidien - Ils ont interdit la musique

Le Quotidien - Ils ont interdit la musique
Ils ont interdit la musique
2012-06-29 09:02:00
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Fumer, boire de l'alcool, regarder la télé, être en couple non marié, jouer au football ou encore écouter de la musique: ces «déviances» sont désormais punies de coups de fouet dans le nord du Mali.
Cette vaste région désertique tombe peu à peu sous la coupe de deux groupes armés liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
D'abord alliés aux Touaregs indépendantistes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), pour conquérir le nord du pays, les islamistes entendent désormais régenter seuls la région. En y instaurant la charia au désespoir de populations cultivant de tout temps un islam de tolérance. Mercredi, les islamistes ont infligé un cinglant revers militaire aux Touaregs en les chassant de Gao, ville de la boucle du Niger.
Depuis la partition de fait du Mali, en avril, la communauté internationale n'a de cesse d'exiger le retour à la normale en soutenant le gouvernement de transition installé dans la capitale Bamako. Vaste jeu de dupes en réalité.
D'abord parce que le rôle de l'Algérie est opaque dans le Sahel. Alger est régulièrement accusé de soutenir les islamistes pour se rendre incontournable dans une région où elle veut s'imposer comme grande puissance.
Il y a ensuite la France. L'ancienne puissance coloniale verrait d'un bon œil un gouvernement touareg dans un Nord largement autonome. Paris juge les Touaregs plus aptes à s'opposer aux islamistes, l'un des échecs du président Touré, renversé par une junte le 22 mars dernier.
Mais l'enjeu n'est pas que sécuritaire ou hégémonique. Des prospections pétrolières doivent débuter prochainement dans le nord du pays dont les réserves sont prometteuses.
Face aux calculs des uns et des autres, les ONG, comme MSF, tirent la sonnette d'alarme pour les 300 000 civils ayant fui les combats. Dispersés entre Mali, Mauritanie et Burkina Faso, ils voient leurs réserves de nourriture s'épuiser rapidement et sont menacés par le paludisme ou le choléra avec l'arrivée de la saison des pluies. Cette situation se heurte à l'indifférence des islamistes, des Touaregs, de la France, de l'Algérie. Et, en général, d'une communauté internationale se contentant, comme souvent face à l'urgence, de discours indignés.

Fabien Grasser

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