samedi 14 juillet 2012

MOHAMED MAHMOUD EL-OUMRANY, PRESIDENT DE L’ALLIANCE DEMOCRATIQUE DE LA COMMUNAUTE ARABE DU MALI« Nous avons demandé au Mnla de rejoindre la République» | MaliActu

MOHAMED MAHMOUD EL-OUMRANY, PRESIDENT DE L’ALLIANCE DEMOCRATIQUE DE LA COMMUNAUTE ARABE DU MALI« Nous avons demandé au Mnla de rejoindre la République» | MaliActu
L’Aube : Vous avez tenu votre congrès constitutif au mois de juin dernier à Nebkett Lahwach en Mauritanie. Pouvez-vous nous rappeler brièvement les conclusions de ce congrès ?
Mohamed Mahmoud El-Oumrany : L’idée importante est que la communauté s’est retrouvée. Après la chute de Tombouctou et de Gao, la communauté avait une confiance totale en l’Etat jusqu’à ce que celui-ci montre ses limites. Alors, la communauté s’est retrouvée pour décider de ce qu’elle doit faire. Principalement, la communauté a décidé de rester loyale à la République du Mali. Nous n’acceptons pas de partition, ne cherchons pas l’indépendance pour la région. S’il y a des problèmes de bonne gouvernance, s’il y a la nécessité de nouvelle décentralisation et de meilleure gouvernance, nous sommes tout à fait d’accord sur des progrès que personne ne refuse et qui se font dans tous les pays du monde.
Le congrès s’est terminé avec une dissidence notamment celle du Front national de libération de l’Azawad (Fnla) qui n’a pas adhéré aux conclusions finales. Qu’en est-il ?
Le Front national de libération de l’Azawad n’a pas partagé le principe de l’intégrité du territoire du Mali. Nous avons accepté de nous séparer de lui parce que nous n’acceptons pas les activités criminelles et les relations avec les islamistes et terroristes internationaux. Et nous nous sommes constitués en association importante. Eux ont pris le nom de Fnla. Par la suite, nous avons réfléchi. Et nous avons estimé que nous ne pouvons pas laisser une partie de notre communauté aller s’ajouter aux islamistes, aux terroristes ou s’incorporer en Ançardine. Nous les avons approchés et nous avons discuté avec eux. Nous les avons ramenés à la communauté en leur faisant comprendre qu’ils font partie de cette communauté. Et que par conséquent, ils ne peuvent avoir des alliances contraires aux intérêts du Mali de demain et de la communauté. Sur ce plan, nous avons l’assurance que même s’ils ne nous rejoignent pas sur l’ensemble de nos problèmes, ils ne rejoindront pas les Islamistes, ni Ançardine.
Depuis quelques jours, la configuration a changé au nord du Mali avec les Islamistes qui ont chassé le Mnla. Cette nouvelle donne change-t-elle quelque chose à la situation au nord ?
Oui parfaitement, la donne a changé au nord. Vous avez Ançardine qui contrôle entièrement Kidal. Vous avez le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest, ndlr) qui contrôle Gao et les Islamistes d’Al-Qaïda qui contrôlent Tombouctou. Le Mnla a été liquidé dans la région de l’Est du Mali. Aujourd’hui, le Mnla dans cette zone, après la rencontre d’Ansongo, s’est refugié derrière les lignes de Gamou. Il reste l’aile ouest de Tombouctou du Mnla, qui est dirigée par Mohamed Ag Najim. Ces forces n’ont jamais combattu les forces armées maliennes, ni des Islamistes. Elles n’ont jamais participé à une opération. Je pense qu’elles réservent leur combat à la sécurité de leur communauté dans le Timétrine, dans la région de Kidal, contre Ançardine.
Pour nous, le contexte a complètement changé. J’ai rencontré les cadres du Mnla et je leur ai dit qu’ils ont accepté avec l’Occident une mission impossible. La première partie de cette mission est de conquérir le nord du Mali qui ne leur appartient pas. Ils n’ont pas pu le conquérir. La deuxième partie de votre mission est de chasser les Islamistes. Le petit groupe de dissidents des islamistes, le Mujao, les a liquidés à Gao. Nous leur avons proposé d’abandonner leurs prétentions à l’indépendance et de devenir un mouvement du Mali qui a des revendications dans la décentralisation ou la bonne gouvernance. Ce sont des choses qui peuvent se discuter et se régler entre Maliens. Le problème n’est pas réglé définitivement, mais vous ne serez pas étonnés demain de retrouver le Mnla avec les Arabes et le Mali entrain de combattre les Islamistes.
Est-ce que cette nouvelle donne complique la reconquête du nord ?
Je vous dis que vous ne serez pas étonnés de retrouver le Mnla, les Arabes et les Songhoïs unis avec l’armée pour combattre les Islamistes.
Alkarama avait lancé un appel à tous les intégrés arabes de l’armée et des forces de sécurité du Mali à rejoindre dans les meilleurs délais leurs corps d’origine. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
A l’ouverture de ce congrès, j’ai transmis le message du capitaine Sanogo. Il m’a chargé de dire aux officiers, sous officiers, hommes de troupes de la communauté arabe, qui sont en Mauritanie, sur la frontière, de rejoindre le plus rapidement possible leurs unités. Cet appel a été accepté par ceux à qui il est adressé, notamment le personnel militaire. La communauté s’est réjouie aussi de cet appel et l’a soutenu. Beaucoup de cadres militaires ont déjà regagné Bamako et repris leur place dans leurs unités. Il reste encore quelques uns qui craignent encore pour leur sécurité. Et si le Mali fait des efforts de mise en confiance, l’opération se terminera très rapidement. Et tous nos éléments apporteront leur contribution dans la conquête du nord.
Au plan politique, que pensez-vous de la formation d’un gouvernement inclusif prôné par la Cedeao ?
Un gouvernement inclusif est nécessaire. Mais il se trouve que, ce gouvernement qui a été désigné n’a pas trois mois. Il ne comprend pas des ressortissants des communautés du nord. Il n’y a pas d’Arabes, ni de Touaregs, encore moins de Songhoïs reconnus. C’est une insuffisance. Si on veut assurer la reconquête du nord, il faut appeler en premier lieu les fils du nord qui soutiennent l’action du gouvernement, qui ont toujours soutenu le gouvernement et qui soutiennent la reconquête du nord. Nous sommes tout à fait pour ça. J’ai vu le Premier ministre. Il se propose de le faire. Il a déjà sa feuille de route pour la transition. Il a déjà ses plans pour la mise en place d’un conseil consultatif. Ce sont des mesures qui se préparent. Tout ne se règle pas en un jour. Donc, pour ce qui est d’obtenir l’adhésion totale du nord, les mesures seront prises dans les prochains jours. Egalement, il y a le problème du soutien des autres partis politiques et des autres secteurs de la société civile. Pour cela, il faut une rencontre qui donnera la légitimité au gouvernement. Le gouvernement a été mis en place sur recommandation de la Cedeao. La Cedeao ne peut pas écrire l’histoire du Mali. Elle est une famille pour le Mali. Son rôle est d’accompagner. Et nous pensons qu’elle doit revenir à ce rôle là en aidant les pays comme la Mauritanie, le Niger, l’Algérie à partir avec le Mali, pour chasser les Islamistes.
Cheick Modibo Diarra doit-il être maintenu à son poste de Premier ministre ?
Le Premier veut jouer son rôle. Il a reçu les pleins pouvoirs. Mais le problème est que jusqu’à présent, la Cedeao ne le laisse pas travailler. Elle ne laisse pas l’armée non plus jouer son rôle. Aujourd’hui, elle veut déshabiller le PM de ses pleins pouvoirs pour les donner au président de la transition. Il doit y avoir une ligne de conduite dans l’action de la Cedeao. Nous constatons qu’il y a énormément d’inconséquences. Un jour, on accorde au capitaine Sanogo le statut d’ancien chef d’Etat, le lendemain on le lui retire. Il devient un criminel. On le déshabille de cette dignité. Ce n’est pas à la Cedeao de gérer ces problèmes. Le Premier ministre a été désigné par consensus. Il y a une partie de ses activités qui concerne les activités militaires et qui sont secrètes. Il n’est pas obligé de les étaler sur la place publique.
Et Dioncounda Traoré comme président de la transition ?
Le président Pr. Dioncounda Traoré est un élément essentiel de la transition. Il ne peut pas avoir les pleins pouvoirs avec les pleins pouvoirs donnés au Premier ministre. Il doit jouer un autre rôle qui est celui de symbole de l’unité nationale. Il doit aider à la consolidation de l’unité du Mali. Il doit revenir le plus rapidement possible, reprendre sa place. Sa sécurité sera assurée. Il y a un cadre juridique qui le protège. Ses agresseurs seront traduits devant la justice. Le processus est déjà engagé et tous les Maliens sont d’accord là-dessus.
Quel est votre avis sur la mise en place du comité militaire de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité, et d’un corps d’élite indépendant chargé d’assurer la protection des institutions de la République ?
Je ne peux pas dire quel est mon avis sur ce comité. Mais je vois que ceux qui ont fait le coup d’Etat sont venus parce qu’ils ne sont pas satisfaits de la gestion. L’armée n’était pas d’accord de la gestion des opérations militaires. Les militaires ont décidé de venir régler leur compte avec leur commandant en chef. Je suis d’accord qu’ils aient les pleins pouvoirs parce qu’on ne peut pas gérer l’armée sans pleins pouvoirs.
Que pensez-vous de l’intervention de la Cedeao, de l’Union africaine ou de l’Onu au Mali ?
La Cedeao est notre famille. Elle doit nous accompagner. Nous sommes heureux qu’elle nous accompagne. Mais qu’elle nous accompagne, selon notre demande. Nous pensons que la Mauritanie, l’Algérie, le Niger doivent être aidés par la Cedeao, l’UA, les Nations unies. Eux seuls avec le Mali, peuvent régler le problème de la présence des terroristes. Ils en ont les moyens. Leurs moyens sont largement au dessus de la gestion de ce problème. Il faut aider le Mali et ses voisins à gérer le problème.
Réalisée par Idrissa Maïga
Source : L’Aube

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