jeudi 5 juillet 2012

PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE • Opération de charme pro-Obama à la Gay Pride | Courrier international

PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE • Opération de charme pro-Obama à la Gay Pride | Courrier international

Le président américain s'est déclaré en mai dernier personnellement favorable au mariage homosexuel. Et ses équipes de campagne ont profité de cet état de grâce pour aller séduire des électeurs lors du défilé de la Gay Pride, le 24 juin dernier.
29.06.2012 | Jeremy W. Peters | The New York Times
Fiches pays
Dessin de Dilem, Algérie.
Dessin de Dilem, Algérie.
Pour la plupart des passants qui se trouvent là, les dizaines de milliers de personnes qui paradent dans les rues de Greenwich Village, à Manhattan, le dimanche 24 juin, ne sont que des joyeux fêtards en débardeurs venus célébrer la Gay Pride.
Mais pour Aaron Levine, 19 ans, un bénévole de l'équipe de campagne d'Obama armé d'un grand bloc-notes, tous les manifestants sont des soutiens potentiels. Un groupe de garçons dans la vingtaine cherche un peu de fraîcheur à l'ombre, sous l'auvent d'un café Starbuck : "Ils sont parfaits", s'enthousiasme le jeune homme. Une longue file d'attente s'étire devant le Duplex, une boîte de nuit avec vue sur l'itinéraire de la Gay Pride : "Ils n'ont rien d'autre à faire que de signer. C'est génial."
Aaron Levine fait partie des centaines de membres des équipes de terrain d'Obama qui ont été déployés dans une dizaine de parades organisées ce week-end dans tout le pays, avec comme ordres de mission du QG de campagne de Chicago : revenez avec des noms, des numéros de portable, des adresses électroniques et des adresses postales. Et surtout : faites-les s'engager comme bénévoles.
Certains défilés avaient même parfois l'air de véritables manifestations pro-Obama. A Chicago, dimanche, 300 collaborateurs et bénévoles de l'équipe de campagne ont descendu la Halsted Street, en plein quartier gay, en chantant : "Quatre ans de plus ! Quatre ans de plus !" A New York, sur la Cinquième avenue, quelque 200 partisans d'Obama ont été salués par la foule qui agitait des pancartes bleues "Les LGBT pour Obama", en référence à la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre, et par les spectateurs qui criaient en chœur : "Obama ! Obama !"
Votant à trois contre un pour les démocrates lors des récentes élections, les homosexuels forment un des groupes d'électeurs les plus fidèles du parti. Aussi l'équipe de campagne d'Obama mise-t-elle beaucoup sur ces festivités qui, selon ses stratèges, représentent une occasion formidable en cette année électorale. Au mois de mai, Barack Obama a affirmé son soutien au mariage gay, renforçant son ancrage politique au sein de la communauté homosexuelle. Avant cette déclaration, beaucoup, même parmi les grands donateurs du président, s'interrogeaient sur sa position.
Aujourd'hui, les responsables de campagne et d'autres grandes figures démocrates estiment que c'était la meilleure manière de convertir l'enthousiasme des homosexuels pour Obama en quelque chose de plus que des bulletins de vote.
"C'est simple comme bonjour", commente Steve Elmendorf, un conseiller démocrate. "A mon avis, cette année, non seulement les gens vont s'engager à voter Obama, mais ils seront plus nombreux à vouloir vraiment faire quelque chose pour lui. Je crois que les gens lui sont extrêmement reconnaissants."
Dans les semaines à venir, l'équipe de campagne va contacter ceux qui se sont engagés pour leur attribuer des tâches diverses et variées, par exemple effectuer des appels téléphoniques ou encore prendre le bus pour aller passer une journée dans des Etats comme la Pennsylvanie et tenter de les faire basculer.
Les défilés de la Gay Pride sont l'équivalent démocrate des rassemblements du Tea Party. Rares sont les endroits où, cette année, Obama trouvera davantage d'électeurs motivés. "La Gay Pride est sans doute la meilleure occasion pour impliquer la communauté", estime Jamie Citron, le responsable national de l'électorat LGBT au sein de l'équipe de campagne d'Obama. Les tentatives pour séduire la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre sont une vaste entreprise qui ne touche pas seulement les métropoles avec une importante population homosexuelle, comme New York, mais qui s'étend jusqu'à des villes moins évidentes comme Council Bluffs, dans l'Iowa, Durango, dans le Colorado, ou Dayton, dans l'Ohio.
Lorsque les responsables gays et lesbiens de Columbus, dans l'Ohio, préparaient leur Gay Pride, l'équipe de campagne d'Obama les a appelés pour leur demander s'ils pouvaient diffuser un message enregistré du président.
"Ils voulaient savoir si nous avions la possibilité de le retransmettre sur un écran géant", témoigne Karla Rothan, directrice exécutive du groupe de défense des droits des homosexuels Stonewall Columbus. Elle n'avait pas d'écran à offrir, mais elle pouvait leur proposer un stand lors du festival de l'association et une place dans le défilé de la Gay Pride, et l'équipe de campagne d'Obama a sauté sur l'occasion.
A New York, dimanche, les troupes d'Obama ne sont pas très folichonnes comparées aux autres participants. Pas de stéréo braillant Whitney Houston ou les Weather Girls, pas non plus de char couvert de banderoles arc-en-ciel ou de musculeux gogo boys. Mais qu'à cela ne tienne, sur le trottoir, l'enthousiasme des foules, qui s'arrachent des autocollants "Obama Pride" par poignées, est au rendez-vous.
Diane Rose, une psychothérapeute de Harlem âgée de 51 ans, dit qu'elle se considère républicaine et qu'elle a voté John McCain lors des présidentielles de 2008. En défilant avec sa compagne, tandis qu'elle distribue des autocollants Obama, elle marque une brève pause pour expliquer son revirement. "En soutenant ainsi les droits des homosexuels, en particulier en tant que chrétien afro-américain, il a adopté une position audacieuse, et il a pris le risque de perdre beaucoup d'électeurs."

Aucun commentaire: