vendredi 31 août 2012

Offensive contre les bandits armés au nord du mali: Dans quelles conditions et quelles mesures à prendre ? - maliweb.net

Offensive contre les bandits armés au nord du mali: Dans quelles conditions et quelles mesures à prendre ? - maliweb.net

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Le danger menace nos frontières du Sud
L’histoire nous enseigne que  opportunité du lancement d’un offensive militaire  par l’un des  belligérants détermine en général l’issue  d’une guerre.
Le conflit malien   n’échappera  pas à cette sage leçon. Ce conflit  se caractérise spécifiquement  par la volonté de groupes islamistes radicaux tels Ansar  Eddhine et MUJAO en liaison  avec  AQMI,  Boko Haram d’imposer  la Charia sur l’ensemble de la population vivant sous leur occupation, et les restes du mouvement   rebelle sécessionniste  MNLA cherchant à se replacer dans le jeu.
A  la question  de savoir : A qui du pouvoir  politique ou du haut commandement militaire  reviendra  l’opportunité  du lancement  d’une offensive pour la reconquête  des régions occupées ?
D’abord  il est prudent rappeler car la conduite des opérations militaires obéit à des principes.
Aussi, sans avoir la prétention de dominer le sujet,  je pense utile,  en raison de mon profil, d’apporter mon humble vision sur un sujet aussi épineux.
Il s’agira de savoir : Dans quelles conditions  et dans  quelles mesures  les forces armées   seraient en mesure  de  déclencher  une offensive avec toutes les garanties de succès ? Paraphrasant  Georges Clemenceau cet homme politique français qui disait que «   la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des  militaires « .  Cette citation  souligne à souhait la nécessité  que chacun se cantonnant dans son rôle :  les  politiciens  devraient se cantonner  leur rôle de  fixation des grandes orientations stratégiques  en évitant d’interférer  dans l’opérationnel, qui revient aux militaires rien qu’aux  militaires. Toute  volonté d’ignorer  cette séparation  stricte pourrait   mener  inexorablement au pire désastre pouvant remettre en cause   l’existence même de l’Etat.  Je pense que le haut  Commandement militaire  saura  sagement évaluer  de l’opportunité du lancement   l’offensive en ayant tenu compte du rapport de force. Cette dernière devrait intervenir à leur  calendrier comme l’avait si bien dit en son temps le Général Colin  Powell à Saddam Hussein qui voudrait attirer les  forces de la coalition  dans la mêlée très  couteuses en pertes militaire.
Au préalable tenir compte des  dommages  collatéraux. C’est dire  qu’il  ne pourrait être fait usage de certains types d’armes : les blindés, l’artillerie lourde, l’artillerie légère, même de grenades et d’explosifs à cause de  l’architecture des habitations.  Il faudra s’attendre que  ces radicaux ne tiendront compte aucun compte du respect du droit international humanitaire. Ainsi il faudra prévoir le recours de boucliers humains et l’emploi d’engins explosifs  improvisés. La guerre de la guerre requiert l’observance à des principes,  s’en écarter conduit  indubitablement  à une défaite.
Dans le scénario d’une offensive contre une ville  comme Tombouctou, avec des sites inscrits au  patrimoine mondial,  il serait nécessaire d’aligner  un rapport de force supérieur de 5 hommes   contre 1 ennemi au minimum. Par exemple il faudra aligner 5000 hommes  en estimant  qu’Ansar Eddine compterait 1000 combattants à Tombouctou. Il faudra s’attendre  à de violents combats de rue débouchant   au corps à corps, scenario dont sont hostiles tous les états-majors  car très couteux en vies humaines. On donnera raison au Premier  Ministre qui a avertit que cette guerre fera des orphelins, et des veufs. C’est pour  éviter une plausible défaite que    les systèmes chinois ou russe élèvent  leur ratio jusqu’à atteindre    6 ou   7 hommes  contre 1 ennemi afin d’assurer une victoire totale.
Il  est impératif que l’ensemble des maliens   accorde une confiance  totale à l’armée,  à son commandement qui doit jauger sa  logistique définie comme  tout ce qui permet à une armée de combattre et survivre.  Or à entendre le point de vue de cet éminent expert,  député de l’Assemblée nationale qui  suggéra que:  »  l’armée malienne doit être en première ligne pour la libération des territoires occupés. Elle doit attaquer  sans délai avec les moyens de bord. Les  renforts en hommes et en équipements suivront « .  Un tel  appel donne  froid dans le dos, et l’on ne saurait  mieux rétorquer   que de dire  prudence et lui   rappeler deux  exemples historiques  pour démontrer jusqu’ à quel point  la logistique constitue le nerf de toute guerre.
-  Le premier, il y’a de cela  200 ans  l’empereur  Napoléon entama sa campagne contre la Russie  avec  une armée plus de 690 000 hommes.  Invaincue  jusqu’alors mais avec une logistique 24 jours, en quelques  il réussit grâce à son génie de tacticien à ramener  à peine 10 000 hommes à Paris.
- Le deuxième fait référence  à  la guerre du Golfe en aout 1990, les premières forces américaines  déployées en  Arabie Saoudite   les  élites la 82e et la 101e  divisions,  qui furent rejointes par les forces  de 34  Etats  constituant  la coalition ( qui  obtint autorisation du Conseil de sécurité  à faire usage de la force si le Koweït n’était évacué  avant  15 janvier 1991)
Malgré un rapport de force au détriment des irakiens cependant le force coalisée va  durant 6 mois  se livrer à  des exercices et  manœuvres.  L’offensive aérienne  fut lancée  16 janvier 1991, suivie d’une   offensive  terrestre  de  100 heures entrainant  une débâche de  l’armée irakienne. Pour ce qui concerne les pertes militaires parmi les belligérants majeurs  (100 000 irakiens morts  selon l’estimation de   la coalition 20 000 selon les irakiens, les Etats-Unis 148 morts, Royaume Uni (6 morts), Arabie Saoudite (18 morts) la France (3 morts).
Ne  conviendrait- il pas   que  les Députés de l’Assemblée Nationale  en premier lieu chaque  membre   de la Commission de Défense et de la Sécurité Intérieure soient  assisté  d’un  officier supérieur comme   conseiller militaire, expert des questions militaires  ou d’avoir un staff  devant  les briefer sur le notions essentielles en matière de défense.  En ce qui  concerne l’apport de la force d’intervention  de la  CEDEAO,  il faudra savoir raison garder comme aime à le dire un homme politique car estimée à  3 500 hommes ce qui correspond en fait   à une force  de  combat  de   850 militaires combattants en calculant  sur la base du ratio de  3 ou 4 hommes pour 1 combattant i.e. (antenne médicale, transport, transmission, staff d’état-major,  pour un militaire combattant).  On  sait que seule l’armée  américaine élève ce ratio jusqu’ à  6 hommes pour 1 combattant ce qui reviendrait  à une force de combat de 583 hommes. Voila ce qui pourrait  donc expliquer les  réserves  soulevées par les américains  sur la force d’intervention de la CEDEAO.
Il est fort regrettable de n’avoir pas pu conserver   l’armée de l’air  à son niveau des années 1980, car  il est inconcevable d’imaginer un conflit  moderne sans aviation d’appui au sol,  dans le désert actuel elle est  l’arme décisive  pour assurer une victoire.On  rappellera  que l’issue  des  conflits armés récents été   décidée  par  des campagnes aériennes (Golfe 1991,2003,  Kosovo 1999, en 2011, 26 000 sorties de l’OTAN   ont anéanti l’armée libyenne).
Il s’impose d’adopter la terminologie officielle et d’abandonner l’emploi pléthorique et hétéroclite de termes : bandits armés, terroristes, narco trafiquants,  rebelles, assaillants, envahisseurs, occupants,  extrémistes islamiques,  djihadistes,  salafistes.  Quid ?
En effet on notera que l’emploi du terme  bandits armés  reviendrait à dire que  les opérations    contre de un tel phénomène  sont du ressort des   forces de 2e degré  c’est-à-dire  la Police et la Gendarmerie nationales mais  pas l’armée.  Pour ce est du terme envahisseurs et  occupants étrangers il s’apparenterait   aux  éléments du groupe terroriste AQMI (Al Qaeda dans le Maghreb  islamique), Le Boko Haram, (groupe terroriste au Nigeria), MUJAO ( Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest ) mais écarterait   le MNLA (Mouvement nationale de libération l’Azawad) , sécessionniste qui avait proclamé l’indépendance des régions occupées pour se faire ensuite   déloger par Ansar Eddine et le MUJAO.  Quant  aux  termes d’extrémiste islamique, islamistes radicaux, djihadistes, salafistes , ils   colleraient  aux  groupes d’Ansar Eddine,  Boko Haram, MUJAO  dont  l’objectif recherché est l’imposition de la Sharia sur le  territoire occupé.
Pour ce qui est du terme de terroriste il désignerait principalement AQMI et  les  narco trafiquants  font allusion  aussi à  AQMI, Boko Haram, Ansar Eddine et MUJAO  même si ces deux derniers mènent principalement  des actes terroristes.  Au gouvernant d’adopter le terme officiel consacré.   Il importerait de mettre sur  pied  une stratégie de  communications concertée de coordonnée  des ministères clés afin  d’afficher  une même déclaration officielle, évitant ainsi  les  déclarations officielles contradictoires. Plus que jamais Il est temps de décréter   l’état de mobilisation générale si non  au moins l’état de mise en garde  pour  être dans  une posture légale qui est le    prélude à un  engagement dans  des opérations militaires de grande envergure. Mieux  la mise en branle de  L’état de mobilisation  permettra d’enrôler  les volontaires  impatients d’en découdre  avec les  islamistes.Aussi il reviendra aux  leaders  religieux, chefs traditionnels, des chasseurs, griots et communicateurs traditionnels,  associations de jeunes, associations féminines de jouer un rôle de premier plan pour une mobilisation générale et le réarmement moral l’armée.
Car un conflit de ce genre ne pourra être gagné sans le soutien du peuple tout entier.
Professeur
Modibo GOITA*
*Ecole de maintien de la Paix Alioune Blondin Beye

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