vendredi 17 octobre 2014

Réflexion sur la question touareg au Mali : « Il faut que nos frères des mouvements armés comprennent que l’heure doit être à un dialogue franc et honnête »

Réflexion sur la question touareg au Mali : « Il faut que nos frères des mouvements armés comprennent que l’heure doit être à un dialogue franc et honnête »



touaregs

Dans ce pamphlet, M. Kaman Ibrahima Sidibé, juriste de son état, rappelle les origines des différentes communautés vivant au Mali et singulièrement du nord Mali. Sans détour, cet homme averti, insiste sur les origines des Touaregs, leur histoire, leurs descendances, en appelant à la cohésion et au dialogue franc pour ramener une paix définitive et qu’une minorité qui n’a pas joué un rôle dans la Nation malienne, ne peut pas se donner le droit d’une quelconque autonomie.

L’occasion est propice pour ce patriote de se poser la question de savoir le rôle plusqu’ambigü de la France et de la Minusma à Kidal. lisez plutôt !

A l’entame du second round des négociations avec les groupes rebelles et armés du nord, il est opportun de réfléchir à une stratégie cohérente et efficace de défense des points de vue de la délégation malienne. Le but final de ces pourparlers étant de parvenir à une réconciliation véritable et à la renaissance de l’harmonie, de la concorde et de la fraternité qui ont toujours uni les peuples du Mali, il importe que toutes les parties soient animées d’une réelle bonne foi et d’un esprit de coopération dans la bonne volonté.
Apporter des réponses pertinentes et appropriées
Toutefois, pour la partie malienne, il est essentiel que les négociateurs soient à même d’apporter, si nécessaire, des réponses pertinentes et appropriées à toutes les questions soulevées par les groupes rebelles armés.


Pour cela il faudrait que les représentants du pays se départissent de cette molle attitude préjudiciable au Mali, appelée « moussalakha », qui consiste à toujours vouloir régler les conflits sans aller au fonds des différends, sans se dire vraiment la vérité et en adoptant une parfaite posture d’hypocrisie.


Il semble bien que c’est là l’une des raisons principales de la récurrence et de la résurgence des rebellions cycliques que le pays a connu.
Les vérités essentielles qui « font rougir les yeux mais ne le crèvent pas » devant être signifiées aux rebelles et devant être connues de tous les maliens, de tous les cadres des chancelleries et des formations consulaires du Mali peuvent êtres structurées comme il suit :
1) Vérité sur la question des origines.
Presque toutes les populations autochtones du Mali actuel sont issues des premiers habitants de la contrée que sont les Wankarans qui ont précédé le royaume de Wagadou, la première entité politique de l’Afrique de l’ouest fondé par Dïnga et Diabé Cissé et qui a atteint son apogée au 3ème siècle après JC.
Aujourd’hui, la quasi totalité de la cinquantaine d’ethnies que compte le Mali est constituée de peuplades autochtones, c’est à dire qui ont, depuis des temps immémoriaux, toujours vécu sur les terres ancestrales qu’elles continuent d’occuper à l’heure actuelle.
Parmi elles, seules quelques unes sont reconnues comme originaires d’un autre pays que le Mali actuelle.
Ce sont en l’occurrence, pour les plus significatives en nombre, les Peulhs, les Arabes, les Touaregs et les Mossi.
Les derniers nommés, les Mossis, sont arrivés en grand nombre à la faveur du gigantesque projet colonial d’aménagement de l’Office du Niger initié à partir de 1895 par la France.
Ils constituent dans la vallée du fleuve Niger, et principalement dans la région de Ségou, une communauté très bien intégrée au terroir.
Les trois premiers, Peulhs, Arabes et Touaregs constituent ce que l’on appelle communément le groupe nomade.
La présence des peulhs, auxquels sont assimilés les Toucouleurs, est signalée dans l’aire géographique malienne depuis le 3è siècle, après JC, dans le royaume de Wagadou.
Les Peulhs descendants d’une princesse Soninké
En effet, il est reconnu et authentifié que les Peulhs, maliens dont les ancêtres ont transité par l’Ethiopie, sont les descendants d’une princesse Soninké du nom de Maraka Bintou Tounkara qui a donné naissances aux quatre lignées patriarcales peulhs que sont les Diallo, les Diakité, les Sidibé et les Sangaré.
C’est, du reste, cette filiation qui justifie qu’encore aujourd’hui les peulhs donnent le titre honorifique de Kaw, signifiant oncle, à tout soninké considéré comme le frère de leur ancêtre Maraka Bintou Tounkara.
Les peulhs constituent la fraction la plus importante du groupe nomade malien dont ils représentent plus des deux tiers.
Les peulhs ont conquis de nombreux royaumes mais pas d’épisode de rébellion
Ils ont fondé ou conquis de nombreux royaumes dont ceux restés dans les limites territoriales du Mali actuel que sont : le Macina, le Kounary, le Séno, le Pondori, les six royaumes peulhs du Wassoulou malien, le Fouladou, le Birigo, le Ganadougou, une grande partie du Kasso et enfin le Banimonotiè où ils constituent l’ethnie politiquement dominante tout en étant une minorité.
C’est une ethnie également bien intégrée au terroir.
En dehors de conflits entre les pasteurs qu’ils sont et les agriculteurs, conflits inhérents à la transhumance de leurs troupeaux, on ne connait pas d’épisode de rébellion peulh contre le Mali post colonial.


Les maures, les Arabes et les Touaregs

Pour ce qui concerne les deux dernières ethnies de ce groupe nomade auxquelles il faut ajouter les maures, à savoir les Arabes et les Touaregs, on notera que la présence d’explorateurs et de commerçants arabes est signalée très tôt dans l’empire du Ghana qui a fini par s’étendre à son apogée jusqu’au littoral de l’océan atlantique englobant la Mauritanie et le Sénégal actuels.
Les Arabes mieux intégrés
Les Arabes sont mieux intégrés au terroir que leurs cousins Touaregs. Leurs relations avec les peuples négroïdes du Mali ont toujours été harmonieuse ce qui a facilité l’islamisation sans heurts de ces derniers.
Ce n’est qu’au dixième siècle de notre ère, soit près de 700 ans après, que les peuplades arabo-berbères notamment touaregs, originaires principalement de l’Algérie et de la Lybie, se signalent comme une entité et une force politique avec l’essor de la ville d’Aoudagost dont les vestiges sont situés dans le sud-est de l’actuelle Mauritanie.
Leur installation, de même que celle des arabes, dans le nord du Mali est le fruit de contacts et de migrations dont le paroxysme est atteint au 16è siècle après JC, à la chute de l’Empire Songhoï, après la célèbre bataille de Tondibi remportée par l’armée almoravide marocaine d’Ahmed Al Mansour Saadi, qu’ils ont soutenues contre les troupes de l’Askia Ishaq 2.
Il importe de préciser que l’armée qui a défait les Sonrhaï à Tondibi en 1591 était essentiellement composée de 3.000 combattants espagnols andalous, équipés de mousquets, contre lesquels les flèches et les lances des autochtones ne pouvaient absolument rien.


Le MNLA est venu d’une contrée lointaine

Cette parenthèse sur l’origine des ethnies du Mali actuel montre clairement, d’une part, que le MNLA est issue d’une communauté venue d’une contrée lointaine, extérieure à l’actuelle aire géographique malienne et, d’autre part, que l’intégration des touaregs à la communauté formée par les ethnies du Mali actuel, est de dernière génération.
Cette vérité sur les origines et la chronologie de l’arrivée des touaregs maliens dans le territoire que le MNLA revendique ne contredit en rien leurs droits citoyens.
Elle interdit cependant et simplement que ceux-ci n’aient plus de droits que les peuples autochtones qui les ont accueillis ou qu’ils ont trouvé sur les lieux à leur arrivée et surtout elle leur dénie le droit de revendiquer une quelconque souveraineté sur un territoire qui a été occupé des milliers d’année avant eux par d’autres communautés qui ne l’ont jamais abandonné.
2) La Vérité sur la question du poids démographique des touaregs.
Au Mali, le poids démographique des touaregs est infinitésimale. Ils font, comme indiqué plus haut, partie d’un groupe hétéroclite minoritaire appelé le « Groupe Nomade » constitué par les peulhs ; les arabes et les touaregs.
Même dans ce groupe nomade, ils sont la plus petite communauté si l’on retranche de leur entité ethnique, le sous groupe négroïde des Bêlas, qui étaient anciennement leurs esclaves, et qu’ils continuent de maintenir dans les liens de la servitude malgré l’abolition de l’esclavage.
Le groupe Nomade constitue 17% de la population malienne
Le Groupe Nomade en question ne fait que 17% de la population total du Mali soit environ 2.550.000 personnes dont plus des deux tiers est constituée par les peuhls.
Aussi, faut-il se rendre à l’évidence que même si le MNLA et les autres mouvements armés arabes représentaient l’ensemble de leurs communautés respectives cela, du reste, ne ferait guère plus de 750.000 personnes.
Cette analyse est très largement corroborée par les résultats du dernier recensement biométrique dénommé RAVEC au cours duquel on a recensé que 81 876 personnes dans la région de Kidal.
Une communauté ne représentant même pas 5% de la population malienne
Alors se posera la question de savoir s’il peut être juste, équitable et même seulement politiquement correcte, de parler ou d’envisager de céder plus de 66% du territoire malien à une communauté ne représentant même pas 5% de la population.


3) Vérité sur la Question de l’autodétermination ou de l’indépendance.

Le MNLA a clamé sur les toits de tous les médias occidentaux que les touaregs sont les héritiers légitimes du territoire composé par les régions administratives de Gao, Tombouctou et Kidal qu’ils ont péremptoirement baptisé AZAWAD.
C’est en se fondant sur ce « legs ancestrale » que le mouvement irrédentiste estime être en droit de revendiquer la sécession de cette partie du territoire national ou tout au moins une « large autonomie » pour tout le septentrion malien.
Parler indépendance, il faut exister d’abord au paravent…
Or, pour parler d’autodétermination ou d’indépendance, il ne suffit pas seulement d’être une minorité nationale, il faut avoir préalablement existé comme une entité politique indépendante, ayant durablement administré le territoire revendiqué, et avoir perdu sa souveraineté sur ce territoire soit par suite d’un acte colonial, soit du fait d’une annexion consécutive à une guerre.
C’est ainsi que le droit International public conçoit la chose et cela ressort très clairement du principe onusien selon lequel « La sujétion des peuples à une subjugation, à une domination et à une exploitation étrangères, constitue un déni des droits fondamentaux de l’homme, est contraire à la Charte des Nations Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales ».
C’est à partir de cette conception qu’a été construit le principe juridique de l’autodétermination ou plus exactement, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
La revendication du MNLA satisfait-elle à ces conditions limitatives ?
En réponse à cette question, on observera, d’entrée de jeu qu’historiquement, il n’a jamais existé dans la contrée une entité politique ou administrative dénommée AZAWAD et surtout, on admettra l’évidence du postulat que l’on ne peut hériter que du patrimoine laissé par son père ou ses ancêtres.
Le patrimoine que constituent les régions de Gao, Tombouctou et Kidal a-t-il jamais été propriété des touaregs du Mali ?
L’absurdité historique et anthropologique de l’autodétermination ou de l’indépendance de cette minorité
La vérité-réponse à cette question subsidiaire est relative à des réalités normalement à même de tempérer les velléités indépendantistes du MNLA et de tous autres groupes armées et surtout elle devrait définitivement fixer la communauté internationale sur l’absurdité historique et anthropologique de l’autodétermination ou de l’indépendance de cette minorité.
A la vérité, ladite aire géographique ? n’a jamais été administrée par une entité politique touareg car de toutes les ethnies du Mali ? les touaregs sont les seuls qui, dans l’histoire du pays, ne laissent trace d’aucun royaume qu’ils ont fondé ou administré comme tel.
En effet, en dehors du royaume d’Aoudagost, fondé au 10ème siècle de notre ère, dont les vestiges se trouvent dans l’actuelle Mauritanie et de l’Oudalan au Burkina Faso, on ne connait pas d’entité politique fondé et administré par les touaregs dans les limites de ce qu’ils nomment aujourd’hui l’AZAWAD.
On peut cependant leur reconnaitre quelques périodes de relative autonomie sous le règne, pendant 70 ans, de Jouder ? le chef des combattants espagnols et de ses multiples successeurs qui ont géré le Khalifat almoravide institué sur l’espace de l’empire Songhoï par le Sultan marocain Ahmed Al Mansour Saadi après la bataille de Tondibi en 1591.
Djibril Tamsir Niane écrit que : « même lorsqu’à l’affaiblissement de l’Empire du Mali, les Touaregs ont pris Tombouctou en 1433 et l’ont soumise pendant 35 ans, jusqu’en 1468, ils ont laissé en place le gouverneur représentant le souverain du Mali » pour signifier que ce dernier continu d’être le propriétaire des lieux ; eux se contentant de prélever l’impôt sur les populations.
Ce fut également la même situation à la fin de la domination coloniale quand la puissance coloniale a envisagé de créer une entité politique touareg avec « les tribus et les fractions » dans le cadre de l’OCRS dans la perspective d’une prochaine exploitation des richesses minières et minérales du Sahara.
Aussi, faut-il, sans jamais contester la présence de cette ethnie sur une partie du territoire revendiquer, noter avec une certaine perspicacité que l’aire géographique ne leur a jamais appartenu parce qu’il n’existe aucune preuve qu’ils aient réalisé une conquête ou une annexion des lieux.
Les détenteurs de droits coutumiers et ancestraux sur le sol les ont vu venir par petits groupes et les ont toujours tolérés, conformément au principe sacré d’hospitalité des peuples négro-africains du Mali, malgré les razzias auxquelles ils s’adonnaient quelques fois.
Comme des gitans

D’ailleurs leur mode de vie d’antan, fondé sur la pratique du nomadisme, ne les prédisposait guère à occuper une terre et à s’en accaparer durablement.
C’est ce qui a fait que les propriétaires véritables du sol, n’avaient pas besoin de les en chasser sachant qu’ils s’en iront toujours d’eux-mêmes comme des gitans.


Tentative de sécession
Aussi, n’ayant jamais détenu de droits ancestraux sur ledit territoire et n’ayant jamais été colonisé par l’Etat du Mali, on ne voit donc pas comment les touaregs pourraient être les héritiers légataires des lieux et encore moins comment il pourrait s’agir de demander une quelconque indépendance ?
Cela fait que leur velléité de séparation d’avec le Mali, ne pourrait être regardée que comme une tentative de sécession car à l’inverse de la déclaration faite dernièrement à Alger, insinuant qu’ils ont souhaité une entité politique spécifique en 1958, les communautés touaregs, arabes et maures du Mali sont fondatrices du nouvel état malien né en 1960.


Tentative de séparation contraire au principe de l’intangibilité des frontières

Comme telle, une tentative de séparation d’avec ce Mali, de leur part, ne peut être regardée que comme une sécession qui est contraire au principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation qui est désormais bien établi dans le droit international publique.
A l’opposé, les soninkés ont possédé et administré l’espace querellé du 3ème au 11ème siècle de notre ère, soit pendant près de 800 ans, durant l’existence de l’Empire du Ghana depuis Dïnga et Diabé Cissé jusqu’au dernier des Kaya Magan.
Ce sont les Soninkés qui pouvaient revendiquer une quelconque souveraineté
Cela est une vérité incontestable suffisamment attestée par la présence des Soninkés disséminés tout autour de ladite aire géographique aux abords immédiats du désert qu’est devenu leur espace national.
C’est la désertification qui a fait éclater la communauté soninké que l’on retrouve au Mali, au Sénégal et en Mauritanie installé essentiellement aux confins de la partie du Sahara que revendiquent les touaregs maliens et où se trouvent les vestiges de leur prestigieuse capital : Koumbi Saleh.
Si donc quelqu’un devait être autorisé à revendiquer en héritage une quelconque souveraineté sur ledit territoire, ce ne pourrait être que les Soninkés en tout premier lieu.
Dans un ordre strictement chronologique les Mandénkas pourraient, eux aussi, légitimement succédé aux Soninkés en termes de revendication d’un héritage ancestral sur ces lieux.
Les mandénkas, vrais fondateurs de la ville de Tombouctou

Car ils ont dans le cadre de l’Empire Mandingue, possédé et administré ledit territoire et surtout, ils y ont exercé une pleine et entière souveraineté.
Là, il est intéressant de noter que ce sont les mandénkas qui sont les vrais fondateurs de la ville de Tombouctou.
Car, ce que l’on retient comme fait historique important, notable et incontestable, c’est que la ville de Tombouctou a été bâtie autour de la Grande Mosquée Dinguiraye Ber, édifiée à partir de 1325, à l’initiative de l’Empereur Mandingue Kankou Moussa Kéita.

L’édifice a été conçu et bâti par un architecte andalou dénommé Abou-Ishaq es-Sahéli, à qui le Mansa offrit 40 000 mitqals (200 kg) d’or pour la construction.
Il faut cesser de travestir l’histoire
C’est autour de cette Grande mosquée que la ville s’est peu à peu développée pour devenir quelques siècles plus tard, une des plus grandes et plus prestigieuses métropoles de la région.
Il faut donc que l’on cesse de travestir l’origine historique du mot Tombouctou dans le seul dessein de le « targuiser » pour trouver par cette contre-vérité anthropologique une porte d’entrée relativement lointaine dans l’histoire de la région.
En effet, se fondant sur le fait que le mot Tim signifie puits, en « tamashek » la langue des Touaregs, on a tenté de faire avaler à la communauté internationale que la ville de Tombouctou a été fondée par les touaregs qui en seraient alors les légitimes héritiers aujourd’hui.
Car, dit-on, c’était un campement targui fondé par une femme du nom de Bouctou et le lieu s’appellerait originellement Timbouctou ou » le puits de « Bouctou ».
Comment le nom du lieu est passé de Timbouctou à Tombouctou, on ne dit mot.
On a vu des mots ou des noms subir des variations par altération ou par contraction mais ici, ni l’altération, ni la contraction, n’autorise que l’on passe de Tim à Tom.
Par exemple on sait que le nom Louis vient de Chlodowic qui a donné Clovis et que par altération ou contraction, il est plausible que l’on soit passé du premier au second et du second à Louis.
On sait aussi qu’en phonétique, les mots s’altèrent en allant de la prononciation la plus difficile vers celle qui est la plus facile.
Ainsi, sait-on qu’il est plus difficile de passer d’une syllabe i à une syllabe o car le i est un phone ouvert qui exige moins d’effort musculaire des lèvres que le o, qui est un phone fermé, exigeant plus d’effort.
C’est dire que d’un point de vue purement phonétique, le passage de Timbouctou à Tombouctou est très peu plausible, sinon impossible.
Tout cela dit, il ressort très clairement que les mandénkas, à tout le moins, par ce seul fait historique qui atteste leur souveraineté sur les lieux, sont après les soninkés, les plus qualifiés pour revendiquer l’espace comme héritage légitime faisant partie du patrimoine foncier que leurs ancêtres leur ont laissé.
Car, on notera avec intérêt, sans qu’il ne soit besoin de parler de la suprématie du Royaume de Sosso qui fut éphémère, que l’Empire Mandingue, de Soundiata Kéita à M’Bemba Kanda Kéita, a régné sur les lieux du 13ème au début du 15ème siècle après JC soit pendant plus de 200 ans.
Après les mandénkas, les sonrhaïs
Après les mandénkas, ce sont les sonrhaï qui ont possédé et administré l’espace dans le cadre de l’Empire Songhoï.
Fondé par Soni Aly Ber, dans la seconde moitié du 14ème siècle, l‘Empire Songhoï qui a atteint son apogée au milieu du 15ème siècle a exercé une souveraineté pleine et entière sur toute l’étendue géographique du Sahara ouest africain jusqu’en 1591.
La défaite de Tondibi ayant affaibli l’Empire, pendant les 70 ans de règne des Khalifes « almoravides », l’entité politique sonrhaï s’est disloqué avec à la clef, la séparation du royaume Djermanbé se trouvant aujourd’hui au Niger de l’autre côté de l’espace territoriale de l’Empire Songhoï.
Ainsi, on voit qu’après les Soninkés et les mandénkas, les Sonrhaï sont les plus qualifiés et les plus légitimes à revendiquer des droits coutumiers et ancestraux sur l’espace aujourd’hui faussement dénommé par certains AZAWAD.
Voila, énoncés, les peuples et les ethnies qui auraient été légitimement fondés à revendiquer des droits ancestraux et un héritage coutumier sur l’espace dénommé AZAWAD par les Touaregs.
Les Touaregs en sont pas absolument éligibles à la liste des héritiers
Cette intermède historique permet clairement de montrer que les touaregs ne sont absolument pas éligibles à la liste des héritiers légataires de l’espace en cause et surtout elle montre sans appel que les Touaregs du Mali ne répondent pas aux critères internationaux du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes d’autant qu’ils n’ont jamais été un peuple subjuguer à une domination ou une exploitation étrangère, le Mali ne pouvant être considéré comme un pays étranger.


4) Vérité sur la question des massacres.
La très efficace communication des Touaregs dans les médias du monde, a convaincu la communauté internationale que les peuples négroïdes du Mali ne sont que des sauvages et des barbares qui se sont très souvent livrés à des massacres et même à des tentatives d’extermination raciale sur les Touaregs.
La vérité sur cette question est que jamais, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, les populations négro africaines n’ont pris une seule fois l’initiative d’attaquer des Touaregs pour quelques raison que ce soit.


Razzias, mode d’enrichissement des Touaregs

A l’inverse, chaque fois qu’un des leurs a été tué dans un conflit armé, ce sont toujours les Touaregs qui ont été à l’origine de la confrontation armée.
Dans l’antiquité il en était toujours ainsi à la suite des razzias qui sont leur mode d’enrichissement et il en est encore ainsi dans le Mali contemporain.
Et on peut très aisément constater que l’argument consistant à dire que les Touaregs ont fait l’objet d’un massacre pour les obliger à adhérer au nouvel Etat malien en 1960, ne peut que difficilement résister à l’analyse.
En effet comment le Mali, qui n’existait pas avant 1960, a pu massacrer des Touaregs pour les obliger à adhérer à un Etat fondé par la volonté politique du colonisateur ?
Affrontements meurtriers entre pro maliens et séparatistes
La vérité est qu’il y a bien eu des combats pour trancher la question de savoir si oui ou non, il faut adhérer au Mali, mais les affrontements violents qu’il y a eu dans la région de Kidal, étaient circonscrits à leur propre communauté et ceux qui ont pris le dessus, étaient les partisans arabo touaregs du nouveau Mali.
Sur ce point l’historien malien Dialla Konaté écrit en parlant des tribus et fractions touaregs : « Celles-ci se sont toujours violemment affrontées pour une hégémonie dans une région du Sahara ou pour s’approprier des richesses matérielles ».
Aussi, doit-on conclure que le Mali post colonial ne saurait être tenu responsable de ces « massacres » intracommunautaires d’avant son existence.
Et à propos des rebellions de 1963, 1990, 2006 et 2012, l’initiative de la confrontation armée comme dans le passé, a toujours été prise par des groupes armés touaregs.
Le Mali s’est toujours trouvée en situation de légitime défense

Ce sont eux qui ont toujours commencé par attaquer, par spolier et par tuer des éléments de l’armée, de la gendarmerie, de la douane ou mêmes des fonctionnaires civils de l’administration d’Etat pour manifester leur désaccord sur la gouvernance du pays.
Ainsi, on peut constater que chaque fois qu’un Touareg a perdu la vie dans une rébellion, c’est toujours cette minorité qui a commencé à tuer des innocents.
Il est impératif que la vérité soit dite et reconnue que le Mali s’est toujours trouvé en situation de légitime défense vis-à-vis des rebellions touaregs.
Et Il est équitable qu’il soit établi, par les Maliens et par ceux qui souhaitent vraiment œuvrer à la résolution définitive de ce conflit récurrent, qu’il y a toujours un agresseur et un agressé dans un affrontement.
Ici l’agresseur a toujours été les Touaregs. Ils l’ont récemment prouvé lorsqu’ils ont pris l’initiative d’attaquer l’armée malienne et d’assassiner des administrateurs civils de la Région de Kidal à l’occasion de la malencontreuse visite du Premier Ministre Moussa Mara en Mai 2014.
La visite du PM ne pouvait justifier ce massacre…

Suite à cette agression, que la seule visite d’un Premier Ministre malien ne pouvait justifier, la MINUSMA, SERVAL et toute la communauté internationale devraient faire preuve d’honnêteté et reconnaitre que c’est plutôt les maliens qui devraient être protégés des Touaregs et non l’inverse.
Cela amène à penser que la protection accrue de Kidal par la MINUSMA et l’Opération SERVAL, ont un autre motif et un autre but que celui de la protection de civils en danger de génocide car il n’y a jamais eu de génocide au Mali depuis l’antiquité, jusqu’à nos jours.
Et ceux qui affirment qu’il y’en a eu, n’ont jamais été en mesure de le prouver. Et sur ce point, la Communauté Internationale et leurs protégés des groupes armés arabo touaregs, sont ici mis au défi d’apporter les preuves de ces allégations qui sont mensongères.
En tout état de cause, il importait que ces vérités soient dites pour que nos frères des mouvements armés comprennent que l’heure doit être à un dialogue franc et honnête pour que la paix, la fraternité d’antan et l’harmonie revienne au Mali qui est notre « maison commune ».
NB : Le chapô, les intertitres et le titre sont de la rédaction.
Par Kaman Ubrahima Sidibé, juriste à la Chambre des Mines du Mali (CMM), Bamako

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