mardi 5 mai 2015

maliweb.net - Signature du jihadiste Hamadoun kouffa?: Le mausolée du saint Sekou Amadou dynamité vers Mopti

maliweb.net - Signature du jihadiste Hamadoun kouffa?: Le mausolée du saint Sekou Amadou dynamité vers Mopti

Le mausolée du saint Sekou Amadou dynamité vers Mopti

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Chronique du vendredi : Le président et le temps du sursaut
Adam Thiam chroniqueur et éditorialiste du Républicain
Le mausolée de Sekou Amadou à Hamdallaye à moins de 30 km de Mopti n’est plus qu’un amas de poussière. Hier dimanche, vers 23h, une forte détonation a retenti dans la petite localité habitée surtout par les descendants de Sekou Amadou qui fonda la théocratie du Macina en 1818. Aucune victime humaine n’est à déplorer mais l’acte ne manquera pas d’être perçu pour ce qu’il est: une provocation pour des centaines de milliers de musulmans locaux et un geste signé par l’intégrisme salafiste au détriment d’un islam identitaire pour lequel Sekou Amadou, au delà du saint adorateur de Dieu incarnait aussi le rayonnement peulh. La profanation rappelle en effet la sombre période des lieux de culte passés au burin à Tombouctou du temps de l’annexion jihadiste en 2012. La destruction du mausolée prend une signification particulière à quatre jours du pélerinage de Hamdallaye qui compte habituellement plusieurs milliers d’adeptes venant surtout de la région de Mopti et des ressortissants de cette région installés dans d’autres localités du pays. Cet événement, un « must » annuel très fréquenté n’est pas reporté, à ce que nous en savons jusque-là. Il interviendra donc dans un contexte sécuritaire inhabituel qui sera sans doute apprécié par les organisateurs du pèlerinage et les autorités nationales.

La main de Hamadoun Kouffa?

Une attaque consternante! C’est ce que disent plusieurs de nos interlocuteurs sur la destruction du mausolée d’une des plus grandes références religieuses et politiques de la région à laquelle Barth et Caillié ont consacré de longues pages dans leurs écrits au XIXè siècle. Naturellement qui a pu faire ça est une question qui trotte dans les têtes. Des cercles religieux y voient la signature de Hamadoun Kouffa. Ce prêcheur à succès de la région de Mopti avait été introduit le 10 janvier à Konna comme l’imam de cette ville. Un imamat qui sera de courte durée puisque Konna sera repris aux jihadistes par l’Opération Serval. Kouffa a rencontre Iyad ag Ali dans la dawa, obédience pakistanaise -donc fondamentaliste- qui s’est très vite implantée dans la région de Mopti à la fin des années 1990. Il a rejoint Ansardine à Tombouctou en 2012 et gage de sa forte amitié avec le jihadiste touareg, Kouffa vivrait aujourd’hui dans l’Adrar où sa femme l’a rejoint. Mi avril, une belle Toyota 4X4 s’est garée à Sirakorola à une trentaine de minutes et sous les yeux ébahis de la population, elle a embarqué l’épouse du prêcheur peul et ses bagages. Il reste deux questions; pourquoi le fondateur présumé du Mouvement pour la Renaissance du Macina ferait ça et ce monsieur donné pour mort vit-il vraiment?

Rigorisme salafiste

Pour la deuxième question, nombre de pistes semblent être des preuves de vie pour Hamadoun Kouffa. A Konna où on dit qu’il a succombé aux frappes françaises, personne n’aurait identifié son corps. Ce qui ne veut pas dire grande chose, car il aurait pu être parmi les dizaines de corps calcinés par l’aviation française et enterrés subrepticement. Mais il se trouve que plusieurs témoignages, après la bataille de Konna, le donnaient pour rescapé. Il aurait, selon des récits dignes de foi, séjourné à Mopti dans sa fuite vers le Burkina. Les sources sécuritaires de la région le donnent plus vivant que mort. Plusieurs attaques dans la région de Mopti ces derniers mois lui ont été prêtées. « Lui et Iyad se voient encore et se sont rencontrés récemment » croit savoir une source avertie sur les mouvements des jihadistes. Que l’on croit mordicus qu’il a été rejoint par son épouse en avril finit de convaincre ceux pour qui le prêcheur peul est en vie. Maintenant pourquoi s’attaquerait-il au mausolée de Sekou Amadou au point de devenir irréversiblement impopulaire dans le Macina, entité dont il passe pour professer la renaissance? Réponses simples: d’abord, un salafiste refuse tout ce qui peut amener l’idolâtrie et les pèlerinages autre que celui à la Mecque. Ensuite, les prêches majeurs de Kouffa dénoncent les descendants de Sekou Amadou qui pour lui ne méritent pas le respect que leur vouent les populations. Il y a également que par le passé le prêcheur controversé n’a eu de cessede pointer ce qu’il considère comme des hérésies de l’époque de Sekou Amadou. Enfin, on ne peut pas rêver de meilleure publicité que de s’en prendre à un vestige aussi symbolique de cette époque que le mausolée de Sekou Amadou lui-même. Le coup n’aura pas la portée médiatique des marteaux de Tombouctou en 2012. Mais il aura fait saigner le coeur de toute une région. Et pour les jihadistes, ce n’est pas un mince butin.

Adam Thiam

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